Alpes-de-Haute-Provence
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Actualité Economie & Entreprises des Alpes de Haute Provence
Actualité de l’économie et des entreprises installées dans le département Alpes-de-Haute-Provence : Digne les Bains, Barcelonnette, Castellane, Forcalquier …

Le département des Alpes-de-Haute-Provence, vaste territoire de moyenne montagne et de vallées accidentées, conjugue une économie portée à la fois par des acteurs de rang national et une multitude de PME familiales, souvent implantées depuis plusieurs générations. Les cent plus grandes entreprises du département révèlent une structure économique variée, articulée autour de ces grands pôles : les services financiers et holdings, l’industrie chimique et pharmaceutique, le commerce de gros et la distribution, l’agroalimentaire et la nutrition, le bâtiment et les travaux publics, l’énergie et l’environnement, la logistique et le transport, l’hôtellerie-restauration et le tourisme, sans oublier un secteur tertiaire numérique en montée. Voici un panorama détaillé de ces filières, cité à l’appui des principales entreprises du classement.
- Services financiers et holdings : capitaux et pilotage
En tête de liste figurent plusieurs sociétés exerçant essentiellement des activités de gestion de participations et de services financiers :
- Proman Expansion domine le classement avec près de 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dégageant un résultat net de plus de 144 millions pour un effectif réduit de 3 à 5 salariés. Cette structure intervient dans le financement et la croissance externe de nombreuses PME locales.
- Stefilaur Invest, deuxième holding du département, réalise 187 millions d’euros de ventes pour environ 6 millions de résultat, orchestrant des participations dans l’industrie chimique et le commerce de gros.
- Odice et Alpix complètent ce quatuor des grands prestataires financiers, avec respectivement 69 millions et 63 millions d’euros de CA, pour des résultats nets de l’ordre de 5 et 1 million d’euros.
- Plus modestes, mais non moins essentiels pour la cohésion locale, M&L Distribution (France) SARL et H2P Habitations de Haute-Provence abritent chacun des sièges sociaux qui gèrent des portefeuilles d’activités diverses, du logement social aux services administratifs.
Cette concentration de sociétés « sièges » se comprend par l’attractivité fiscale et la volonté des familles investisseuses de maintenir la tête de leur groupe au cœur du département.
- Industrie chimique et pharmaceutique : le fer de lance industriel
La chimie est le deuxième secteur par le chiffre d’affaires, porté par des industriels de taille importante :
- Laboratoires M&L, n° 2 du classement, pèse plus de 313 millions d’euros et emploie entre 500 et 999 collaborateurs pour fabriquer des agents de surface, produits pharmaceutiques et formulations cosmétiques adaptées aux pentes de Haute-Provence.
- Laboratoires BEA, à Forcalquier, réalise près de 6 millions d’euros dans la production d’ingrédients naturels et d’additifs, tandis que CIEL d’Azur Labs atteint 5,8 millions sur des marchés de niche pharmaceutiques.
- Archean Technologies, spécialiste des composants électroniques pour la santé et la défense, affiche 3,6 millions de CA et emploie une vingtaine de techniciens hautement qualifiés.
- D’autres acteurs régionaux émergent dans l’optique de valoriser les plantes locales : Laboratoires Anjou, Phytolab04 et Herbéo, petites structures dynamiques, tirent parti des amandiers et lavandes pour élaborer des extraits à haute valeur ajoutée.
Ce pôle chimique s’appuie sur un vivier d’ingénieurs formés à l’université d’Aix-Marseille et aux écoles d’ingénieurs régionales, et il alimente un réseau dense de PME sous-traitantes en conditionnement et emballage.
- Commerce de gros et négoce : irriguer les vallées
Le commerce de gros constitue une colonne vertébrale, avec des entreprises implantées au cœur des principales agglomérations :
- Matériaux SIMC, négociant en fourniture de matériaux de construction, génère 178 millions d’euros de CA et rassemble près de 800 salariés sur plusieurs sites de dépôt.
- DURANSIA, spécialiste du négoce de pièces détachées agricoles et forestières, pèse 63 millions d’euros, employant près de 150 personnes pour approvisionner ruralité et coopératives.
- APA Alpes Provence Agneaux, à Sisteron, est le plus grand négociant en viande ovine, avec plus de 105 millions d’euros de ventes et un réseau de bouchers professionnels.
- Sodialpes, leader de la distribution de bricolage et quincaillerie, affiche 81 millions de CA et 200 salariés pour structurer les circuits de proximité dans les vallées reculées.
- Sur le commerce de détail, enseignes comme Jugremix et Foralp assurent la vente d’articles de pêche et de chasse, marquant l’ancrage de la tradition locale au cœur de l’économie.
Ces grossistes, souvent issus de coopératives agricoles ou d’anciennes distilleries, se sont diversifiés pour devenir des fournisseurs multi-marchés, desservant un territoire où le maillage routier reste primordial.
- Agroalimentaire et nutrition animale : de la ferme à l’industrie
La Mayenne, centre d’une agriculture diversifiée, soutient une industrie de transformation forte :
- Actimeat & Co, société d’abattage et de découpe, réalise plus de 65 millions d’euros et emploie 80 salariés, assurant la mise en marché de produits carnés dans les circuits de restauration collective.
- Agro’Novae Industrie, à Peyruis, fabrique des plats cuisinés méditerranéens pour plus de 11 millions d’euros de chiffre d’affaires, exportant massivement vers l’Europe centrale.
- Supéalp Conditionnement, spécialisé dans les surgelés de poissons et fruits de mer, réalise plus de 2 millions d’euros et emploie 30 personnes pour répondre à la demande touristique de la côte.
- Les Vergers de Haute-Provence, petit producteur de confitures et jus de fruits bio, a su se faire une place dans les épiceries fines parisiennes, avec 1,6 million d’euros de CA et 20 collaborateurs.
À ces acteurs s’ajoutent des coopératives d’éleveurs laitiers (CAVAC 04), des meuniers (Grands Moulins de Provence) et des distilleries d’huiles essentielles, confirmant l’intégration totale de la filière du champ au rayon.
- Bâtiment et travaux publics : infrastructures et patrimoine
Entre rénovation de vieilles pierres et aménagements modernes, le BTP revendique une place prépondérante :
- Bati Concept 04, groupement d’entreprises de second œuvre, réalise près de 2,8 millions d’euros avec 40 salariés pour des opérations de cloisonnement, isolation et Finition.
- Garcinerie Sisteronnaise, menuiserie-charpente, pèse 2,3 millions d’euros et emploie une vingtaine de compagnons pour restaurer les bastides et églises.
- APA Travaux Publics, filiale de travaux de voirie, affiche 3,5 millions de CA et répond aux besoins de la Collectivité Départementale pour l’entretien des axes secondaires.
- H2P Habitations de Haute-Provence, promoteur immobilier, développe des lotissements neufs à Digne-les-Bains, affichant 28 millions d’euros de chiffre d’affaires et 70 salariés.
Aux grands maîtres d’œuvre s’ajoutent de nombreux artisans locaux (plombiers, électriciens, peintres) qui forment un maillage indispensable pour desservir les 30 communes du département.
- Énergie et environnement : valoriser les ressources locales
La transition énergétique se concrétise au travers de projets variés :
- Mint Énergies, producteur indépendant d’électricité verte, exploite des unités de cogénération biomasse alimentées par les sous-produits agricoles, pour plus de 10 millions d’euros de CA.
- Phytolia, start-up de valorisation de résidus de distillation de lavande en biocarburants, emploie une cinquantaine de chercheurs et commercialise ses premiers lots en Europe
- Séché Environnement, acteur national du traitement des déchets, gère un centre de tri à Manosque pour plus de 20 millions d’euros, assurant la collecte et le recyclage.
La gestion des ressources en eau, vitale en zone semi-aride, mobilise des sociétés comme Veolia Eau Provence et SIRA (Syndicat Intercommunal), garantissant l’approvisionnement et la dépollution des réseaux.
- Logistique et transport : desserte d’un territoire étendu
Par ses axes routiers (RN 85, A51) et ferroviaires (ligne Marseille–Briançon), la Haute-Provence bénéficie de services adaptés :
- Figuière Transport, implanté à Sisteron, réalise 2,5 millions d’euros de CA pour le transport régional de marchandises générales.
- Proman Transport, via sa filiale Proman Expansion, assure des flux de personnel et de matériel pour l’industrie chimique, s’appuyant sur une flotte de 50 véhicules.
- CAVAC Logistique, dérivé de la coopérative agricole, gère l’entreposage de grains et d’intrants dans des silos à Puimichel et Barcelonnette.
La desserte de zones de montagne, notamment en hiver, a donné naissance à des PME de négoce spécialisé (chaînes, pneus neige) et à des entreprises d’entretien des axes (déneigement, réseaux).
- Hôtellerie-restauration et tourisme : atout balnéaire et rural
Le tourisme, mix de plages lacustres, de villages perchés et d’activités de pleine nature, repose sur :
- Hôtel de Plein Air L’Hippocampe, camping 4 étoiles à Riez, emploie 30 saisons et réalise 3 millions d’euros de CA.
- Les Minimes, résidence hôtelière à Forcalquier, génère 5,3 millions d’euros de chiffre d’affaires.
- Auberges et chambres d’hôtes comme Le Cloître des Minimes et Sant Jordi, séduisent par leur charme provençal, totalisant près de 3 millions d’euros ensemble.
- Les offices de tourisme (Digne-les-Bains, Sisteron), bien que non classés, orchestrent la promotion d’un territoire qui accueille chaque année plus de 300 000 visiteurs.
À ces entreprises s’ajoutent des prestataires d’activités (canoë sur la Durance, randonnées) et des restaurateurs mettant en valeur les produits frais des vallées.
- Santé, médico-social et services à la personne
Face au vieillissement de la population, le secteur médico-social se structure :
- Pharmacie de la Poste, à Forcalquier, réalise 2,4 millions d’euros de ventes et emploie 6 pharmaciens et assistants.
- Optima, petit groupe de services d’aide à domicile, gère 400 interventions quotidiennes et approche 500 000 € de CA.
- Des cliniques de proximité et de multiples services infirmiers libéraux complètent l’offre, bien qu’ils soient en majorité hors du top 100.
Les collectivités encouragent l’installation de maisons de santé pluridisciplinaires pour maintenir l’accès aux soins dans les zones isolées.
- Innovation numérique et services aux entreprises
La numérisation du territoire progresse, portée par quelques sociétés clés :
- VS Design, agence de communication web à Forcalquier, a réalisé 1,7 million d’euros de CA en déployant sites e-commerce et stratégies digitales.
- Optinum, éditeur de logiciels de gestion pour viticulteurs, équipe plus de 100 domaines dans les Alpes-de-Haute-Provence.
- La pépinière Haute-Provence Innovation accueille plusieurs entrepreneurs techno, en particulier dans la géomatique et les systèmes embarqués.
La région, bien que rurale, développe des initiatives pour la fibre et la couverture 4G/5G, condition essentielle à la croissance de ces acteurs.
- Enjeux et perspectives
- Formation et compétences
– La montée en technicité de l’industrie chimique et mécanique nécessite un renforcement des CAP/BEP et BTS locaux (Digne-les-Bains, Sisteron) et de la formation continue via les GRETA. - Transition écologique
– Poursuivre la valorisation biomasse, développer la géothermie sur la vallée de la Durance et soutenir l’éco-tourisme dans les zones protégées du Parc naturel régional. - Cohésion territoriale
– Combiner mobilité douce (navettes électriques entre les villages perchés) et plateformes de services itinérantes pour lutter contre la désertification médicale et commerciale. - Attractivité et innovation
– Capitaliser sur le cadre de vie pour attirer télétravailleurs, pérenniser les tiers-lieux (Maison des Services à Digne) et renforcer l’image de la Haute-Provence comme terre d’accueil pour les projets d’économie verte.
Conclusion
Le portrait économique des Alpes-de-Haute-Provence, révélé par ses cent plus grandes entreprises, est celui d’un territoire aux visages multiples : holdings financiers (Proman Expansion, Stefilaure Invest), chimistes d’envergure (Laboratoires M&L, BEA), négociants régionaux (Matériaux SIMC, DURANSIA, APA Agneaux), industriels de process (Plastivaloire, Artec Pulvérisation, VMI), logisticiens (Figuière Transport, Schenker), acteurs du tourisme (Hippocampe, Les Minimes) et un secteur tertiaire en éclosion numérique (VS Design, Optinum). Face aux défis du recrutement, de la transition écologique et de la cohésion rurale, la Haute-Provence dispose toutefois d’atouts majeurs : ses ressources naturelles, son tissu entrepreneurial familial et un ancrage de longue date dans les filières de pointe. En conjuguant tradition et innovation, elle poursuit son chemin vers un modèle économique durable et équilibré.