Actualité de l’économie et des entreprises installées dans le département Haute-Garonne : Toulouse, Muret, Saint Gaudens …
Actualité de l’économie et des entreprises de Haute-Garonne
Le département de la Haute-Garonne, dont le chef-lieu est Toulouse, constitue l’un des moteurs économiques majeurs de la grande région Occitanie. Fort de sa vocation historique dans l’aéronautique, l’agroalimentaire, la recherche-développement et les services innovants, il abrite un tissu d’entreprises de toutes tailles, allant des géants internationaux aux filières coopératives locales, en passant par un maillage dense de PME et ETI. À partir du classement des 100 plus grandes sociétés implantées dans le 31, cet article dresse un portrait économique complet du territoire, secteur par secteur.
1. L’aéronautique et l’espace : le pilier historique
Toulouse est mondialement reconnue comme une capitale de l’aéronautique et de l’espace, et la Haute-Garonne en porte les couleurs :
Airbus, dont le siège social et plusieurs sites de production emploient entre 5 000 et 9 999 salariés pour un chiffre d’affaires de plus de 57 milliards d’euros ;
Airbus Operations, entité de maintenance et de finition, qui dépasse les 11 milliards d’euros et compte plus de 10 000 collaborateurs ;
Airbus Defence and Space SAS, spécialisée dans les plateformes satellitaires et la défense, avec un chiffre d’affaires de 2,3 milliards d’euros et près de 5 000 à 9 999 salariés ;
Thales Alenia Space France, acteur clé des satellites de télécommunications (1,5 milliard d’euros, 2 000–4 999 salariés) ;
ATR, co-entreprise de construction d’avions régionaux (non listée dans le top 20, mais présente sur le territoire) ;
Latécoère, fournisseur de systèmes d’interconnexion et de structures légères, réalise 468 millions d’euros de ventes et emploie 500–999 personnes ;
Safran Electrical & Power, qui conçoit systèmes et équipements pour l’avionique, pèse 788 millions d’euros et compte 2 000–4 999 salariés ;
MECA DEV, bureau d’études aéronautiques et services d’ingénierie, inscrit 605 millions d’euros et emploie 10–19 salariés mais rayonne à l’international ;
SATYS Aerospace, intégrateur industriel pour la motorisation et la structure des appareils, réalise près de 189 millions d’euros.
Cet écosystème, soutenu par les grandes écoles (ISAE-SUPAERO, ENAC) et les pôles de compétitivité (Aerospace Valley), génère un vivier de compétences rare en Europe. La densité des sous-traitants (Mécachrome, Actia Automotive, Continental Automotive France) garantit l’intégration de tous les maillons de la chaîne de valeur et attire des investissements de rang mondial.
2. Les industries alimentaires ou la « gastronomie » à l’échelle industrielle
Complément indispensable à la renommée agricole du Sud-Ouest, l’agroalimentaire trouve également en Haute-Garonne un terreau fertile :
Lallemand Specialty Cultures, dont l’implantation toulousaine produit levures et ferments pour les industries brassicoles et fromagères (13,7 milliards d’euros, 50–99 salariés) ;
Nutrition et Santé, fabricant d’ingrédients diététiques et nutraceutiques (306 millions d’euros, 1 000–1 999 salariés) ;
Syngenta France SA, pôle R&D pour la protection des cultures (1,2 milliard d’euros, 1 000–1 999 salariés) ;
Vitesco Technologies France, équipementier pour la transmission et l’électronique automobile, qui travaille en lien avec la filière alimentaire sur les véhicules utilitaires de transport frigorifique (661 millions d’euros) ;
François Bonhomme, gros distributeur de tuyaux, raccords et fournitures pour l’irrigation et l’eau potable, essentiel à l’agriculture intensive (692 millions d’euros, 2 000–4 999 salariés) ;
LFO – Les Fromageries Occitanes, circuit industriel du fromage (275 millions d’euros, 500–999 salariés) ;
MECACHROME France, pour l’usinage de précision de pièces destinées aussi bien à l’automobile qu’aux équipements agroalimentaires (294 millions d’euros) ;
Centre France Alimentaire (non listé mais présent), qui conditionne et exporte huiles, vinaigres et produits dérivés du canard et de la volaille gasconne.
La filière coopérative s’inscrit principalement en Haute-Garonne par la logistique et la distribution plutôt que par la production primaire, tandis que de petites unités artisanales (charcutiers, conserveries) restent hors du top 100 du département.
3. La logistique et le commerce de gros : des plaques tournantes stratégiques
Grâce à son réseau autoroutier (A61, A62, A64) et ferroviaire, Toulouse et sa périphérie jouent un rôle de hub logistique :
Chausson Matériaux, grossiste en matériaux de construction pour les professionnels (1,5 milliard d’euros, 5 000–9 999 salariés) ;
Frans Bonhomme, distributeur de canalisations et raccords pour le gaz, l’eau et le bâtiment (692 millions d’euros, 2 000–4 999 salariés) ;
GXO Logistics France et General Logistics Systems France, spécialistes du contract logistics et de l’express international (566 millions et 510 millions d’euros respectivement) ;
L.P.R. – La Palette Rouge, acteur de l’entreposage et de la distribution padronnée (223 millions d’euros, 100–199 salariés) ;
AXSO, distributeur de produits chimiques et techniques (304 millions d’euros) ;
Tridem Pharma, grossiste en produits pharmaceutiques et parapharmaceutiques (226 millions d’euros, 50–99 salariés) ;
Continental Automotive France, dont le site toulousain intègre notamment des solutions pour la traçabilité logistique (477 millions d’euros).
À ces géants s’ajoutent de multiples grossistes plus spécialisés (Top-Tex Group en textiles techniques, Valiantys Topco pour le conseil logiciel, Seeb Gpdis France en fournitures industrielles), qui font de la Haute-Garonne un pôle de distribution pour tout le grand Sud-Ouest.
4. Les services financiers, holdings et sièges sociaux
La présence d’établissements de crédit, de sociétés de gestion et de holdings fait de Toulouse un centre financier régional :
Banque Populaire Occitane (BPOC) et Caisse d’Épargne et de Prévoyance de Midi-Pyrénées, deux banques coopératives majeures, totalisent près de 750 millions d’euros de profits combinés et environ 6 000 salariés ;
Polaris Holding, Climater Holdco, GB Finances, Groupe Castes, Holding JEL, Trois Mats, Juisa, Vinescence Topco, sièges de participations locales, pilotent des portefeuilles diversifiés dans l’industrie, l’immobilier et les services ;
Meca Dev et L P 2 C officient comme centres de conseil de gestion ;
B Finance & Participations (mais siège dans le Gard pour partie), apporte son expertise en fusions-acquisitions pour les ETI de la région.
Ces structures, même de petite taille en effectif, jouent un rôle stratégique dans l’allocation de capitaux et l’accompagnement des grandes entreprises du territoire, de l’aéronautique à l’immobilier.
5. L’ingénierie, le génie civil et la construction
La modernisation des infrastructures régionales repose sur un ensemble de sociétés performantes :
SPIE Industrie, Energie Systèmes et Bouygues Travaux Publics Régions France, œuvrent au développement des réseaux électriques, de télécommunications et à la construction d’ouvrages ;
Dodin Campenon Bernard, SPIE Batignolles Malet, GA Entreprise, LP Groupe, SAV (Sevigne et Sava.sem) interviennent sur les chantiers de génie civil, de routes et de bâtiments publics ;
Hydro Building Systems France, grossiste pour la menuiserie aluminium et PVC (419 millions d’euros, 1 000–1 999 salariés) ;
Actia Automotive, fournisseur de solutions embarquées pour véhicules industriels et ferroviaires (302 millions d’euros, 500–999 salariés) ;
Scalian DS, cabinet de conseil en ingénierie et systèmes numériques (244 millions d’euros, 1 000–1 999 salariés).
La dynamique de l’habitat est renforcée par la montée en puissance de programmes de logements collectifs et de zones d’activités, portés par des acteurs comme Promologis SA et Safti, bailleurs sociaux majeurs.
6. Le numérique et l’innovation technologique
Toulouse, capitale régionale de la recherche, se démarque par un vivier d’entreprises de services numériques et de R&D :
Alten Sud-Ouest, Sopra Steria et Atos (non listées dans le top 20, mais présentes localement) accompagnent la transformation digitale ;
Scalian DS et Topscale, centres de développement logiciel et de conseil en systèmes d’information ;
Syngenta France SA, Continental Automotive France et Mecasys investissent en R&D interne, notamment autour de la data science et de l’intelligence artificielle appliquée à l’agriculture et à l’aéronautique ;
Trends pharma, cabinet spécialisé, se distingue dans la modélisation informatique pour la santé.
La présence d’incubateurs, de pépinières (AuRéval, TIC Valley) et le soutien de la French Tech Occitanie créent un écosystème favorable à l’émergence de start-ups dans la fintech, l’agritech et la deeptech.
7. La santé, le médical et le pharmaceutique
Outre l’expertise d’Inovie BioAxiome et de Cisbio Bioassays (laboratoires d’analyses, kits de diagnostic), Toulouse accueille :
Pierre Fabre SA (siège à Castres mais centres R&D à Toulouse), leader de la dermo-cosmétique ;
Tridem Pharma, grossiste répartiteur en médicaments ;
Bastide Le Confort Médical (centre logistique national) pour les matériels paramédicaux ;
Des cliniques privées de moyenne importance et des établissements médico-sociaux, bien que hors du top 100, contribuent à un réseau de soins dense et performant.
La coopération avec les CHU et les instituts de recherche biomédicale (Inserm, CNRS) renforce la place de la Haute-Garonne comme pôle santé de premier plan.
8. La distribution, le commerce de détail et l’automobile
Le commerce, qu’il soit spécialisé ou généraliste, constitue un pan important de l’emploi et de la vie économique :
Centrakor Stores, enseigne de décoration et ameublement, pèse 278 millions d’euros et emploie 1 000–1 999 salariés ;
Kariban France, grossiste en prêt-à-porter professionnel (189 millions d’euros) ;
Sodira et Les Grands Garages du Gard (si implantés) pour la distribution et la maintenance automobile ;
Airbus Transport International, filiale de fret aérien (218 millions d’euros), mais sans effectif salarié local déclaré ;
Velum Industriel, entreprise de négoce d’équipements industriels, assure la distribution multi-secteurs.
Le commerce de proximité et les grandes surfaces se répartissent en dehors du classement, mais profitent de la centralité toulousaine pour rayonner jusqu’aux zones rurales.
9. L’immobilier, l’habitat et les services urbains
Le secteur immobilier s’appuie sur plusieurs grands acteurs :
YSALIA Garonne Habitat, premier bailleur social du département (5,7 milliards d’euros, siège sans salarié) ;
Promologis SA et Safti, autres bailleurs sociaux majeurs ;
Fibre Excellence Saint-Gaudens SAS, unité de production de papier-carton liée à la consommation urbaine (216 millions d’euros, 250–499 salariés) ;
Airbus Protect, cabinet d’ingénierie pour la sûreté et la prévention du risque, intervient également dans la planification des bâtiments à haute sécurité (191 millions d’euros).
Le déploiement du très haut débit, piloté par les collectivités et des opérateurs privés comme SHEM (Société Hydro-Électrique du Midi), s’inscrit dans la stratégie d’attractivité territoriale.
10. Tourisme, culture et économie du bien-être
Moins visible dans le top 100, le tourisme complet l’image économique :
Les parcs d’attractions, les festivals (Rio Loco, festival de jazz), les sites patrimoniaux (Cité de l’espace, Ancienne Capitole) génèrent un flux de visiteurs estimé à plusieurs millions par an ;
Les hôteliers indépendants, les restaurants et les activités de loisirs outdoor sont structurés autour de PME et de franchises comme Fram (agences de voyages) ;
Le thermalisme et les centres de bien-être, bien que limités, complètent l’offre de santé avec des établissements de moyenne taille.
11. Enjeux et perspectives
11.1. Pénurie de compétences
Les secteurs à haute valeur ajoutée — aéronautique, spatial, R&D numérique — souffrent d’un manque de profils techniques et ingénieurs. Les partenariats entre écoles, universités (Universités Toulouse III – Paul Sabatier, UT Capitole), CFA et entreprises sont déterminants pour former et retenir ces compétences.
11.2. Transition écologique
Les grands donneurs d’ordres (Airbus, Thales Alenia Space) et les industriels (Safran, Actia) ont engagé des programmes de décarbonation. La filière logistique investit dans les flottes électriques, tandis que des acteurs comme SHEM développent les renouvelables (hydroélectricité).
11.3. Numérisation et cybersécurité
Le renforcement de la souveraineté numérique passe par l’essor d’entreprises locales en cybersécurité et cloud souverain, domaine où émergent des start-ups depuis les laboratoires publics.
11.4. Équilibre territorial
Si Toulouse concentre l’essentiel de l’activité, les zones de l’agglomération (Muretain, Sicoval, Airbus Leguevin) bénéficient d’implantations industrielles et logistiques. La dynamique doit gagner l’ouest et le nord du département, via des pépinières et des zones d’activités adaptées aux PME.
Conclusion
Le portrait économique de la Haute-Garonne s’impose par la coexistence d’un cœur industrialo-aéronautique mondialement reconnu (Airbus, Thales Alenia Space, Safran Electrical & Power, Latécoère), d’une industrie agroalimentaire dynamique (Lallemand Specialty Cultures, Nutrition et Santé, Les Fromageries Occitanes), d’un pôle logistique et de distribution structuré (Chausson Matériaux, Frans Bonhomme, GXO Logistics), et d’un secteur financier et technologique en plein essor (Banque Populaire Occitane, Polaris Holding, Scalian DS). À ces grandes estampes se mêlent une kyrielle de PME-ETI et de holdings locales, garantes de la résilience et de la créativité territoriale.
Les défis restent nombreux — formation, transition écologique, équilibre urbain-rural, souveraineté numérique — mais la diversité et la taille critique des effectifs mobilisés confèrent à la Haute-Garonne les moyens de poursuivre son essor et de consolider son rayonnement national et international.